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Tom



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Appelé sous le drapeu

   "Camillo, vas chercher TOM, nous devons sortir".
    Quand il ne "vagabondait" pas dans les rues voisines, il était dans son règne: via ZAMAGNA dont il était le roi incontesté et où il y avait notre charcuterie. Tous les chiens qui passaient par là, devaient accepter l'inspection: l'odeur de chacun était la pièce d'identité. Les attitudes qu'ils adoptaient durant ce rituel étaient révélatrices de leur âge, caractère, culture, politesse. Les plus jeunes se baissaient brusquement sur les pattes avant et rebondissaient rapidement l'appelant au jeu. Les femelles terminaient toujours, sauf cas particuliers, par une douce bise, nez contre nez. Ils se séparaient avec TOM qui allait fixer son empreinte de patron du quartier sur le poteau le plus proche. La rencontre avec un potentiel rival était signifiée par le redressement du poil sur le dos; ceci indiquait que le rituel n'était pas accepté en totale soumission. La capacité de contrôle de ses nerfs permettait une séparation tranquille. Après l'échange de ses credentiels il s'éloignait en retournant de temps en temps la tête, pendant que TOM reprenait le marquage des poteaux. Le brusque refus déclenchait la bagarre: propulsé dans la poussière l'imprudent terminait la rencontre par une honteuse fuite.
    TOM couchait devant le magasin. Aux doux rayons du soleil de Mars, il acceptait, baissant les oreilles et renfermant ses yeux, les caresses des gens qui passaient.
    "Viens TOM on sort avec papa".
    Attaché à la poignée droite du tricycle, TOM traînait vigoureusement notre véhicule. Papa, assis sur la selle, le guidait et les deux se regardaient souvent dans une silencieuse et confiante entente. Moi à l'intérieur du plan de charges, je me sentais en sécurité dans ce voyage. Tom passait, signalant sa présence par des aboiements, au milieu des bicyclettes, des Tramways, de rares voitures en temps de guerre. Le service où papa devait aller, était à Palazzo Marino, face à Piazza della SCALA, en plein centre de Milan. La via MANZONI, parcourue par de nombreuses lignes de Tramways, la traversaient sur le trajet qui reliait piazza CAVOUR à Piazza CORDUSIO. Ce trajet était un noeud inévitable pour les tramways qui reliaient les differentes parties de la périphérie en passant en plein centre ville.
    La façade de la Scala, la partie centrale étant plus avancée vers la place, laisse à sa droite et à sa gauche des zones à l'abri du trafic: dans le coin gauche mon père arrêta le tricycle. "Tom reste couché et soit de bonne garde pour le tricycle; ne bouge pas et ne fais pas de bétises avec les bicyclettes ! Camillo, reste avec lui, je vais revenir d'ici peu!"
    Après une demi-heure, Tom commença à s'agiter, et j'avais bien du mal à le faire rester couché: l'attrait des bicyclettes qui passaient était trop grand. Ses protestations aux injustes impositions commençaient à se manifester par des aboiements qui devenaient plus vifs à mesure que le temps passait. Plus il s'agitait, plus je le retenais par la chaîne; plus je le retenais, plus il s'agitait. Il était conscient que j'aurais était incapable de le retenir, lui qui une fois, en prenant par surprise mon père, avait renversé le tricycle, chargé d'une demie tonne de marchandise.
    Une moto passa dangereusement à côté de nous. Tom se leva, furieux, et se lança de toute ses forces contre l'agresseur. Il traîna le tricycle vacillant, ainsi que moi-même; après quelques mètres il se renversa; TOM continua la poursuite jusqu'à ammener le tout au milieu des railles; puis il s'arrêta en regardant l'ennemi qui s'éloignait vers via Tommaso GROSSI.
    Une heure était passée, mon père n'était pas encore revenu. Les tramways étaient complètement bloqués. La chaîne, qui reliait TOM au tricycle fouettait l'air. Je faisais des voltiges pour l'éviter pendant que TOM se déplaçait rapidement pour empêcher les policiers de s'approcher. Autour de nous un cercle de soldats allemands. A chaque avancée des policiers TOM répondait avec extrême vigueur en les repoussant. TOM défendait ce qui pour lui était plus cher, son tricycle et moi. A chaque retraite des policiers, les allemands hurlaient en soutenant TOM dans son combat.
    Le retard de mon père était du à des difficultés administratives imprévues. Il entra dans le milieu de la foule et d'un ordre sec arrêta toute action de TOM. Un policier, stylo à la main commença à rédiger le procès verbal. Le visage de mon père n'était pas du tout joyeux. Quand le P.V. fut rédigé ses yeux scrutaient alarmé le morceau de papier qui lui était présenté. Une main s'interposa pour le prendre. C'était un officier allemand. Il regarda mon père fasciné par les performances de TOM. Il le voulait sur le champ."Non" dit mon père, "je suis blessé de la première guerre mondiale; il est mon aide, mon plus cher ami, l'ami de mes enfants; c'est seulement avec son aide que je peux rentrer chez moi avec les charges de marchandises". L'officier écouta en silence, il mit le P.V. dans sa poche, il salua militairement mon père et s'en alla.
    On aimait notre chien et il fallait le mettre à l'abri d'un danger immédiat. Déjà trois ans plus tôt, pendant les premiers jours des incursions aériennes, le rideau de fer du magasin s'était enfoncé sous la pression des explosions. Tom, sorti du magasin, était resté à l'extérieur sous la pluie de bombes. Pendant deux jours et deux nuits nous ne l'avions plus revu. Quand nous pensions l'avoir perdu pour toujours il rentra à la maison dans un état pitoyable. En nous souvenant de cela on pensa le cacher chez mon oncle, de l'autre côté de Milan, où il avait un dépôt de charbon. Cela fut fait au plus vite.
    L'officier était pressé d'avoir TOM, en effet le lendemain nous recûmes une carte du commandement allemand le mobilisant pour qu'il serve sous le drapeau allemand.
    Les bombes tombaient maintenant tout les jours; une fuite lors d'une attaque était incontestable.
    Le travail pour fournir le magasin était plus pénible. L'absence de TOM se faisait sentir. Pour mon père qui avait été blessé aux jambes c'était une véritable souffrance.
    Les alliés avaient désormais une telles suprématie aérienne qu'ils pouvaient se permettre d'attaquer à tout moment. Les incursions exclusivement nocturnes étaient un lointain souvenir. Pendant nos courses, quand les sirènes d'alerte hurlaient pour inviter à se réfugier, nous nous approchions du trottoir, mon père sortait sa cigarette et nous restions, le nez en l'air, à observer les combats aériens. Une fois à Piazza Piemont nous étions restés en plein milieu pour mieux voir. Nous n'étions pas l'objectif stratégique que les avions cherchaient, mais cela n'empêcha pas à un gardien de la paix de nous donner une amende pour ne nous pas être mis à l'abri. De toute façon, à l'abri de quoi?. Des personnes survivaient d'une façon étrange, d'autres mouraient..... mouraient tout simplement.
    Un jour, alors que, j'étais à l'école, les sirenes hurlèrent. On nous ramena à la cave qui était renforcée par des poutres. Dans l'école, il y avait une section du commandement allemand. Pendant l'incursion aérienne une bombe tomba proche de l'école et les poutres tombèrent. Quand on remonta, mon père était là pour me ramener à la maison. J'habitais à cinq cents mètres environ de l'école "Luigi CADORNA". Pendant ce trajet, tiré par mon père pour avancer plus vite, mes yeux regardaient des flammes gigantesques et la fumée noire qui se levait dans la direction de l'ISOTTA FRASCHINI. Ce jour là disparaissait la fabrique des plus belles voitures de l'époque, c'étaient les voitures des Rois. Des personnes survivaient donc d'une façon étrange: ce jour là une dame était en train de fouetter des oeufs dans sa cuisine au 5ème étage; elle se retrouva en train de fouetter les oeufs en via MAR JONIO au milieu de la rue après qu'une bombe toucha son immeuble. La mort arrivait où elle voulait d'une façon atroce. Le même jour sortant toujours de la même école un enfant qui n'était pas encore arrivé chez lui avant l'alerte suivante fût mis à l'abri sous un chariot et son père s'étendit sur lui pour le protéger des éclats. A la fin de l'attaque le père désespéré s'aperçut que son enfant avait été tué par un éclat qui l'avait touché en passant au raz du sol.
    Nous allions en fin de semaine rendre visite à TOM. Son lieu d'exil devait lui plaire particulièrement. Il avait dans la même cour une amie, DIANA, la louve blanche d'oncle CELESTINO et plein de chats à poursuivre. Depuis son arrivée la fantastique entente avec elle, l'habilité qu'ils avaient à établir ensemble des pièges aux chats était devenue si efficace, que ceux-ci n'osaient plus se montrer.
    La vie de tous les jours était une alternance entre une vie de paix et une vie de guerre. Le quinze avril 1945 fût le jour de ma première communion et c'est la seule chose dont je me souviens. Le jour précédent, le samedi, nous nous étions confessés et plus tard j'étais revenu chez le curé parce qu'il y avait quelque chose que j'avais omis, par pure distraction, de lui dire. L'après-midi du quinze on avait fait des photos tous ensemble à la paroisse. Ce jour là c'était comme si la guerre n'existait plus.
    Dix jours, seulement dix jours après, le vingt-cinq avril 1945 un jeune qui était parti au travail, rentra avec la bicyclette en criant que dans le centre de MILAN on se battait: Ce jour là toute l'ITALIE du Nord, celle qui était sous le régime de SALO, s'était soulevée contre l'envahisseur allemand. L'après-midi des camionnettes passaient sur piazzale SELINUNTE, où se terminait via ZAMAGNA. Des hommes sur les marches externes tiraient à la mitraillette. Le soir une d'elle s'arrêta devant le magasin que mon père avait voulu garder ouvert pour tous ceux qui auraient pu en avoir besoin. Ces hommes venaient nous demander de l'eau. J'étais sorti pour regarder ce qu'ils avaient sur le plan de charge. Je ne sais pas combien de temps ils étaient restés là-bas; je restai à regarder sans aucun sentiment et je revins à la réalité à leur départ. La camionnette emporta avec elle une forte odeur de médicament et de sang, du sang qui coulait lentement en portant de petits morceaux de chair.
    Les combats continuaient encore concentrés autour des lieux où il y avait des centres de résistance allemande et fasciste. Un des lieux plus redoutables était piazzale BRESCIA, proche de mon école, ou souvent j'avais vu passer les blindés TIGRE.
    Le lendemain nous traversâmes la ville pour aller récupérer TOM et nous mîmes autour de son cou un ruban avec les couleurs de l'Italie. Les clients , voyant TOM, lui demandèrent en souriant si lui aussi était parti se battre sur les montagnes. Il souriait à sa manière en agitant sa queue. Et la vie continua ainsi pendant plusieurs jours. La nuit on sentait crépiter la mitraillette et le lendemain on voyait des traces de sang sur les trottoirs et les rues: elles étaient les chemins qui avaient ammené quelqu'un à la mort ou en sécurité.
    Le premier vendredi du mois de mai, j'étais allé à la messe à l'église de la Madonna Addolorata, proche de l'hyppodrome San SIRO quand nous entendîmes des avions passer à très basse altitude. Je sortis vite avec ma soeur Carla et on alla en courant vers l'hyppodrome. Là, pour la première fois de ma vie, j'eus l'occasion de voir passer, si proche, des avions: c'étaient des DAKOTA américains qui passaient lançant des ravitaillements. En fin d'opération un d'entre eux passa très bas sur la piste des chevaux et je vis pour la première fois un américain, qui saluait avec la main depuis la porte de son avion.
    Quelques jours après, les soldats alliés entrèrent à MILAN.

Camillo GOJ

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