"D'une extrémité à l'autre de l'horizon, à perte de vue, des navires et des navires sortaient de la brume du petit matin.
Ce jour là, des hommes courageux s'appretaient à écrire une inoubliable page de l'histoire."
"Vous verrez", disais je à mes enfants, "quand on sera là-haut sur la côte, la vue est merveilleuse: des cultures à fleurs jaunes arrivent jusqu'au bord de la falaise, l'air sent le parfum des fleurs et le sel de la mer.
En bas, sur la plage, des voitures à chevaux qui, laissant derrière elles des sillons dans l'eau, emmènent les enfants en promenade.
Sur la partie la plus haute de la falaise, il y a en souvenir une statue qui semble regarder, avec pitié, les lieux du débarquement.
Le silence, l'air du matin, l'immensité de la mer vous rempliront le coeur d'émotion."
Ce dimanche matin du 4 juin 1989, quand on arriva sur le sommet de la falaise, dominant la plage devant Arromanches: "Omaha Beach la sanglante", l'air résonnait de chants et de musique.
Au pied de la statue on vendait des sandwiches et du coca.
Les plus entreprenants faisaient des merguez au barbecue et d'autres dansaient.
A quelques kilomètres, le cimetière de guerre: les croix blanches, disposées en files interminables se confondaient plus loin dans l'immensurable largeur de la mer.
De rares personnes, quelques familles avec des enfants, avancaient en silence pour s'arrêter devant un tombeau.
Camillo GOJ
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